
Le Citarum, c’est le plus long fleuve de l’île de Java, en Indonésie… et aujourd’hui, l’un des plus pollués au monde.
S’étendant sur près de 300 kilomètres, il traverse la province très densément peuplée de Java occidental. Ce fleuve, autrefois source de vie et d’abondance, est devenu un symbole de catastrophe écologique majeure.
La pollution du Citarum provient principalement des rejets industriels et domestiques. Plus de 500 usines textiles bordent ses rives, déversant chaque jour des tonnes de produits chimiques toxiques : mercure, plomb, cadmium, colorants, perturbateurs endocriniens… autant de substances qui empoisonnent l’eau, les sols et les populations.
Publié le 12 jun 2025
Temps de lecture : 4 minutes
Une rivière sacrée devenue l’une des plus polluées du monde
Le fleuve Citarum alimente plus de 25 millions de personnes en eau pour la consommation, l’irrigation, la pêche ou encore l’industrie. Il est aussi un site sacré pour de nombreuses communautés locales.
Mais aujourd’hui, ses eaux sont si toxiques que l’Agence de Protection de l’Environnement des États-Unis (EPA) les a classées parmi les plus polluées de la planète.
Les conséquences sont dramatiques :
- Infections gastro-intestinales,
- Problèmes de peau,
- Troubles respiratoires chroniques,
- Eau impropre à la consommation,
- Faune aquatique en voie de disparition…
Face à ce désastre, le gouvernement indonésien a lancé en 2018 un plan de dépollution ambitieux : réduction des rejets industriels, amélioration de la gestion des déchets, campagnes d’éducation environnementale.
Mais sur le terrain, les efforts sont freinés par :
- le manque de moyens,
- la corruption,
- le manque de coopération des industriels textiles, soucieux de leurs profits à court terme.
La face cachée de l’industrie textile mondiale
L’industrie de la mode est aujourd’hui la deuxième plus polluante au monde. On estime qu’elle est responsable de 20 % de la pollution mondiale des eaux, notamment à cause des teintures, du blanchiment et des traitements chimiques.
Une pollution aux conséquences dramatiques
Chaque vêtement à bas prix dissimule un coût colossal :
- La production de masse exige d’énormes quantités d’eau,
- Les traitements libèrent des substances toxiques dans les rivières,
- Les vêtements synthétiques libèrent des microplastiques à chaque lavage.
Une seule machine à laver contenant du polyester peut libérer jusqu’à 700 000 fibres microplastiques dans les eaux usées.
Chaque année, plus d’un demi-million de tonnes de microplastiques textiles finissent au fond des océans.
Et ce sont les fleuves comme le Citarum, le Gange en Inde ou le Mékong au Vietnam qui en paient le prix.

Des vêtements pas chers au prix fort pour la planète
La fast fashion a démocratisé l’achat de vêtements peu chers et renouvelés en permanence. Mais à quel prix ?
- Externalisation de la production dans des pays où les normes environnementales sont faibles ou inexistantes,
- Opacité des chaînes d’approvisionnement,
- Pression constante sur les sous-traitants pour réduire les coûts, parfois au mépris des droits humains.
Ce système délocalise la pollution loin des regards occidentaux… mais les conséquences sont bien réelles.
Le lien entre notre dressing et la Citarum River
Ce qui se passe à des milliers de kilomètres de chez nous trouve pourtant ses racines jusque dans nos penderies. Nos habitudes d’achat, aussi anodines soient-elles, ont un impact direct sur des réalités comme celle du Citarum.
Dissonance cognitive : comment nos choix quotidiens y participent
Acheter un vêtement à 10€ peut sembler anodin. Et pourtant… Derrière ce prix se cache souvent un enfant qui a cousu le tissu, une rivière empoisonnée, et une chaîne de production qui a délesté l’Occident de sa responsabilité écologique.
On préfère ne pas y penser. C’est ce qu’on appelle la dissonance cognitive : un conflit intérieur entre nos valeurs (respect, durabilité) et nos actes (acheter sans se poser de questions). Pour se soulager, on évite d’y penser… mais il est temps d’ouvrir les yeux.
Comment repérer les marques responsables ?
Trois principes sont indispensables et indissociables pour identifier une marque véritablement engagée :
- La transparence
Une marque responsable doit communiquer ouvertement sur ses pratiques. On doit pouvoir connaître ses sous-traitants, ses lieux de production et ses conditions de fabrication. Une vraie transparence, c’est aussi assumer ses limites, reconnaître ses zones d’amélioration, tout en valorisant ses avancées.
- L’engagement social
Cela signifie que chaque acteur de la chaîne de production, du cultivateur de coton à la vendeuse en boutique, en passant par la tisseuse, le teinturier, le logisticien ou le stagiaire en communication, travaille dans le respect des droits fondamentaux du travail. Pas d’exploitation, pas de précarité déguisée.
- L’engagement environnemental
Une marque éthique doit utiliser des matières écologiques et limiter son impact environnemental à chaque étape. Cela passe par des fibres naturelles comme le coton bio certifié GOTS, le chanvre, le lin, ou encore des matières recyclées ou upcyclées, moins gourmandes en ressources et plus durables.
👉 Voir notre article à ce sujet : Les 3 grands principes de la mode éthique
Chez L’Envol du Colibri, chaque marque est sélectionnée pour son engagement environnemental et humain réel. Pas de greenwashing, que des faits.

Ouvrir les yeux pour mieux choisir
Nos vêtements ont un pouvoir insoupçonné : celui de polluer… ou de protéger.
Le fleuve Citarum est un symbole douloureux, mais aussi un appel à la prise de conscience.
Changer nos habitudes vestimentaires, c’est agir pour :
- La planète
- Les droits humains
- La santé des générations futures
Chaque achat est un acte politique.
Chaque vêtement peut devenir un manifeste.